Il était une bergère #2 L’arrivée du troupeau

Depuis mercredi 27 mars, les brebis sont installées à Triboulet, à Cenon. Pour le plus grand plaisir de Rachel Léobet, la bergère, et des enfants du centre de loisirs ! Récit d’une arrivée (très) attendue par Aline Chambras

C’est le jour J pour Rachel Léobet. Devant le centre de loisirs de Triboulet, un café à la main, elle attend, impatiente et un peu stressée, l’arrivée de la bétaillère. C’est ici, dans les prairies qui bordent le centre de loisirs, que ses brebis vont hiverner. C’est ici aussi que la jeune bergère installera bientôt son habitation mobile.  Trois agents des espaces verts de Cenon, Patrick Cornet, Patrick Jean et Philippe Bérard sont venus assister à l’événement. Également présente, Lily Royer, coordinatrice pédagogique aux Francas, l’association qui gère le centre de loisirs de Triboulet, ne cache pas son enthousiasme : « Depuis mai 2018, Triboulet est labellisé ‘centre de loisirs d’éducation à l’environnement’, le projet avec Rachel prend vraiment tout son sens ici, nous allons pouvoir développer des ateliers avec les enfants en lien avec l’écopâturage, mais aussi l’habitat mobile ».

photo A.Chambras

Soudain, un bruit de moteur se fait entendre. Voilà la bétaillère conduite par Francis Labadie, transporteur pour le Conservatoire des races d’Aquitaine. Jeanne de Lignerolles, chargée de mission au Conservatoire est aussi du voyage. Tandis que le chauffeur manœuvre pour installer son engin au plus près des enclos, Jeanne de Lignerolles montre à Rachel la liste qu’elle a dressée pour aider la jeune bergère : chaque bête y est décrite selon un signe distinctif (forme des cornes, couleur du pelage, son âge et éventuellement un trait de caractère). En tout 26 brebis, dont 8 agneaux de 1 à 3 mois, constituent le troupeau du parc des Coteaux. Du moins, jusqu’à l’été. Car parmi ces bébés, les mâles quitteront le troupeau quand ils auront 6 mois. « Nous ne voulons pas d’agnelage cette année, donc on ne gardera que des femelles », précise Rachel.

photo A. Chambras

Une fois le camion bien positionné, Rachel et Jeanne grimpent à l’intérieur. C’est l’occasion de prendre connaissance des bêtes avant qu’elles ne s’éparpillent sur les 4 hectares de terrain qui leur sont réservés. La doyenne a 11 ans : « C’est une meneuse, elle est expérimentée, elle a déjà transhumé », commente Jeanne de Lignerolles. D’un coup, les verrous sont ouverts et c’est la cavalcade. En quelques secondes à peine, toutes les brebis courent hors du camion, direction la prairie où, très vite, elles se mettent à paître. Rachel les observe, en souriant. Elle sait que la nourriture jouera un grand rôle dans ses relations avec les brebis. « C’est grâce à la nourriture que je vais créer un lien : elles ne me connaissent pas, alors au début, je vais leur donner de l’orge et de l’avoine, que je mettrai dans un petit seau, que je remuerai pour les attirer. Elle comprendront que je suis sympa ».

A.Chambras

Il est midi. Les brebis ont quitté le sommet de l’enclos situé du côté du parc Loret pour rejoindre la prairie en pente qui surplombe le ruisseau du Mulet et la rocade.  Rachel a une dernière mission à remplir : présenter le troupeau et donner quelques consignes aux enfants du centre de Loisirs. Justement un car arrive, avec une dizaine de primaires à son bord. « Oh, c’est la bergère ! », s’écrit un garçon. « Ils sont où les moutons ? ». Rachel conduit un petit groupe à quelques mètres du troupeau. Les cris fusent. « On peut les toucher ? ». « Doucement, vous leur faites peur », prévient un animateur du centre. Mais très vite, une fois les enfants calmés, les brebis s’approchent. A Rachel de leur expliquer comment se comporter avec elles : à savoir, « surtout ne pas les nourrir, ne rien leur jeter, ne pas monter sur les barrières, ne pas rentrer dans l’enclos, ne pas ouvrir l’enclos ».

L’éducation au monde pastoral peut commencer.

 

Auteur : Aline Chambras

Aline Chambras interview Rachel Léobet

photo Natan Torres

 

Rendez-vous début mai pour l’épisode # 3 : L’inventaire écologique…

 


A propos du pâturage

L’expérimentation d’un pâturage itinérant dans le parc des Coteaux, initiée en 2019,  est un projet du parc LAB, le laboratoire du parc des Coteaux, démarche collective rassemblant élus, directeurs de service et jardiniers des 4 villes de Bassens, Lormont, Cenon et Floirac pour mettre en œuvre une gestion écologique des 10 parcs municipaux* constituant le parc intercommunal des Coteaux.

L’objectif majeur du pâturage est de mettre en place une gestion écologique des espaces de prairies présents dans le parc des Coteaux. D’une surface totale de 60 hectares, ces espaces de prairies portent un enjeu fort de préservation des espèces animales et végétales en adéquation avec les usages quotidiens des parcs. Des papillons tels que l’Azuré du serpolet (Phengaris arion) ou le Citron de Provence (Gonopteryx cleopatra) se développent dans ces prairies calcaires spécifiques des coteaux de la rive droite de la Garonne.

Le projet de pâturage du parc des Coteaux est porté par les communes de Bassens, Lormont, Cenon, Floirac et le Grand Projet des Villes Rive Droite avec le soutien de Bordeaux Métropole, du Département de la Gironde, de Domofrance et Clairsienne.

 

* il s’agit des parcs de Beauval, Rozin, Panoramis et Séguinaud à Bassens ; Carriet et Ermitage à Lormont ; Palmer et Cypressat à Cenon ; Sybirol, Castel et Burthe à Floirac

 

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