De labours et d’eau fraîche – Au fil du PAT épisode 7

Depuis les débuts du Projet Alimentaire Territorial Rive Droite, les Villes et les producteurs mettent tout en œuvre pour trouver la précieuse ressource qui permettra d’irriguer les cultures. Forages, ruissellement, collecte d’eau de pluie, réserves et réseaux… on vous dit tout sur l’irrigation !

Au fil du PAT, épisode 7, un reportage au long cours de Françoise Duret (texte et photos).

 

C’est une évidence : les cultures maraîchères ont besoin d’eau en quantité. Sans elle, adieu petits légumes et fruits juteux. Dans un contexte mondial de raréfaction, comment garantir aux producteurs un accès durable à l’eau tout en économisant la ressource ?

Sur ce volet agricole du PAT, la première étape-clé était de trouver des porteurs de projet intéressés pour exploiter les fonciers proposés, ce qui n’était pas gagné d’avance. Une fois les producteurs sélectionnés en 2022, la quête de l’eau, deuxième étape-clé, pouvait alors commencer. Encore fallait-il trouver où creuser, dans des parcelles de 1 à 3,5 hectares qui n’avaient pour la plupart jamais été exploitées.

 

Le Grand Tressan, en deux ricochets

Deux sondages ont été nécessaires sur le foncier lormontais, avant d’obtenir des résultats probants. Avec un forage d’un débit de 6 m³/heure, le 2ème essai fut le bon ! Les Coteaux Paysage viennent d’achever l’installation du réseau électrique et de la pompe, qui est maintenant raccordée aux réseaux d’irrigation primaire et secondaire.

La réserve souple de 200 m³ est en place. Raccordée au forage, cette réserve tampon se rechargera en continu. Indispensable lors des périodes de sécheresse, elle vise également à préserver la nappe, en régulant le pompage.

Le contexte lormontais offre en outre des possibilités de techniques d’irrigation combinées : micro-aspersion, goutte-à-goutte, ainsi que des méthodes de culture permettant d‘économiser l’eau, comme le binage ou le paillage.

Les planètes sont désormais alignées pour les plantations, qui ont débuté le 16 avril. Les premières récoltes de tomates, concombres, courgettes et aubergines devraient donner à plein fin juin pour alimenter les restaurants municipaux !

 

Le Canon : bien capté !

Automne 2024, au Canon. La partie sud de la parcelle s’est transformée en terrain de manœuvres militaires… le temps d’un forage. La Ville de Floirac a eu l’idée d’associer le SMEGREG (organisme public qui veille à la bonne gestion de l’eau en Gironde) et l’Armée de l’Air et de l’Espace, qu’on imaginerait plutôt occupée à percer les nuages.

Plus près du plancher des vaches, l’Escadre aérienne d’appui aux opérations de la BA 106 de Mérignac (unité « EIO-15 ») est spécialisée dans les forages en opérations à l’étranger, et la seule en France à détenir cette compétence. Le maraîchage du Canon s’est avéré un terrain d’entraînement idéal pour ses équipes en formation. Une semaine a été nécessaire pour installer la machine, réaliser le forage et poser la pompe, en attendant l’aménagement du réseau primaire, financé par la Ville de Floirac. Les Jardins Garonnais y raccorderont ensuite leur propre pompe et le réseau d’irrigation secondaire.

La ferme a d’autres ressources, comme les eaux de pluie, captées en direct des toitures de la serre (1000 m² de surface), de la maison et, plus tard, de la grange. Elles contribueront, avec l’eau du forage, à alimenter le futur bassin de collecte. Installation prévue cet été, en contrebas de la parcelle. Celui-ci devra répondre au besoin d’autonomie en eau des maraîchers pendant un an.

L’orientation vise une gestion mesurée, un mode qui va bien aux méthodes des Jardins Garonnais, attentifs à la vie du sol. Pour leur première année d’activité, les associés ont dû utiliser, avec modération, l’eau du réseau, via un compteur vert, et faire le choix de cultures peu gourmandes.

 

Le Loret : forage en juin

À Cenon, l’irrigation n’est pas un long fleuve tranquille. Un premier forage s’étant révélé infructueux au stade Labat, le projet porté par les Coteaux Paysage a déménagé au domaine du Loret, mais démarre avec un contretemps. Sur ce second site, l’utilisation de l’eau rejetée par la piscine du Loret, à proximité du projet agricole, a d’abord été envisagée comme source d’irrigation. Les études préliminaires à la réutilisation de cette eau ont cependant mis en évidence des coûts très importants liés au contrôle sanitaire et à la réglementation. La piste du forage s’est révélée plus avantageuse.

Une nouvelle foration, validée par la Ville de Cenon, sera réalisée en juin 2025, au cœur de la future parcelle de maraîchage de 1,8 ha. Le GPV et la Ville sont en cours de finalisation de la phase administrative réglementaire.

Les Coteaux Paysage, dans les starting-blocks, viennent de clôturer le site. Si le forage est exploitable, quelques mois devraient être nécessaires avant de pouvoir lancer la production, le temps de finaliser les réseaux primaires (financés par la Ville) et secondaires (pris en charge par le porteur de projet).

Forts de cette avancée, les maraîchers vont réaliser une partie des plantations de plein-champs au printemps, en irriguant temporairement avec le réseau d’eau potable. Un premier pas qui leur permettra de tester le terrain. La courge devrait être le légume vedette de cette première saison !

Les Coteaux pourront ensuite passer à l’étape suivante : des cultures sous serre sur 2000 m² (implantation programmée à l’automne) pour une pleine production de légumes adaptés à la restauration collective, à l’horizon 2026. Et, plus loin encore, des arbres fruitiers pourraient être plantés à l’hiver 2025-2026, pour de premières récoltes après 2028.

 


Au fil du PAT, reportage au long cours sur la mise en oeuvre du PAT de la Rive Droite

Texte et photos : Françoise Duret

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Au fil du PAT #1 : Les origines

Le Projet Alimentaire Territorial des Villes de Bassens, Lormont, Cenon et Floirac, coordonné par le GPV avec l’appui de Bordeaux Métropole, vise à accompagner la transition écologique de la restauration collective publique et les solidarités alimentaires pour donner accès à tous à une alimentation saine et durable. Le PAT est labellisé de niveau 2 par l’Etat qui, avec ses partenaires, soutient financièrement sa mise en œuvre.

 

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